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Isularama
8 janvier 2008

Saluons le Centième Corsica !

CORSICA100L'HOMMAGE
DU PETIT DERNIER
AU GRAND CONFRERE

 

J'ai véritablement flashé sur le dernier numéro du mensuel Corsica, que j'ai lu en diagonale par dessus l'épaule de mon voisin, non pas dans le métro, mais dans le Paris-Bastia, à la fin de la trève des confiseurs. Un voisin littéralement scotché par le dossier « 40 raisons pour en finir avec les Corses », qu'il semblait lire avec des bouffées de chaleur signalant un pic soudain d'adrénaline.

Pour ma part, je m'étais réservé la double page du Monde où Jean-François Kahn annonçait son retrait des affaires de presse, à 70 ans, et donnait sa lecture du marasme du kiosque à journaux à la française. Il pointe du doigt l'irruption des gratuits, la disparition de la presse d'opinion et l'effacement, dans les médias, des grandes polémiques capables de réveiller les lectorats et de les tenir en haleine.
Donc, prenant un peu de hauteur grâce à CCM Airline, j'ai survolé notre territoire national avec l'œil gauche sur le centième numéro de Corsica — boosté de 16 pages en plus —, et l'œil droit sur un exemplaire du Monde d'une maigreur terrifiante, et qui laissait de plus à un vieux briscard sur le départ le soin de commenter sa propre manière de vivre le quasi « no future » de la presse nationale (outre un éditorial demandant en gros aux lecteurs de bien vouloir excuser la direction de ne pas trop savoir comment échapper à des jeux de pouvoir interne si complexes que plus personne ne semble pouvoir ni vouloir les maîtriser).
Et cette expérience venait conclure quelques journées de déambulation dans Paris où j'ai été frappé de voir s'afficher sur les kiosques un nombre impressionant de ministres faisant la couverture de toutes sortes de magazines. La nouvelle formule : un ministre par segment de marché. Et pas plus de segments que de ministères. Peopolisation de la politique. Et politisation, par portrait interposé, de la presse féminine.
Quel plaisir que de rentrer chez soi ! Et de se précipiter sur le centième numéro du mensuel local. Un numéro en décalage total avec les préceptes marketing du moment. Un numéro qui fait sa couverture par le truchement de mots, et qui joue avec la typographie avec délice et malice.
Amis lecteurs…
La seule manière d'entretenir la presse vivante, c'est de lire. Et de conserver l'appétit du potin autant que le plaisir d'apprendre où on met les pieds, et de comprendre comment les déplacer.
Amis collectionneurs…
Mettez au plus vite la main sur ce numéro « collector » ! Inutile de vous chercher un honorable correspondant local qui accepterait de vous réserver un exemplaire : ce numéro 100 est — sublime audace ! — diffusé sur tout le territoire national.
Amis tout court…
Patience ! On y reviendra dans nos colonnes à notre prochaine livraison. Le Ci Simu numéro 5 (avec un numéro tous les deux mois, il nous faudra deux fois plus de temps pour arriver à 100) est en cours de fabrication… L'âge de nos aînés est l'espoir de notre jeunesse. Vivent les vieux !
XAVIER CASANOVA

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