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Isularama
11 novembre 2010

Perle de mer, perle d'amour

La littérature corse est davantage
une littérature de prétoire que de boudoir.
 

Du moins la littérature réelle, celle qui suscite un véritable intérêt, qui occupe le devant de la scène et qui meuble de curiosités tangibles et actives ce que les spécialistes de la chose littéraire appellent, « l'horizon d'attente des lecteurs ». Plutôt que de déployer toutes sortes de stratégies visant à façonner le lecteur à grand renfort de pédagogies prolongeant inlassablement, et en pure perte, l'apprentissage de la lecture « sçavante », il est temps d'inventer des formes d'actions éditoriales implantées au plus près des réalités de la lecture, quitte à prendre quelques distances avec ce qu'il restera toujours de bon ton d'énoncer dans les salons feutrés où les hommes de lettres échangent entre clercs, mi-autoproclamés, mi-cooptés, leurs amabilités suspicieuses.
C'est ce que tente ici La Gare, en se contentant de publier dans nos colonnes (ci-dessous) l'image de la couverture et le texte de présentation d'un ouvrage venant combler un manque du côté de la littérature de boudoir local.
Que personne ne s'y trompe ! Tout est fictif. Mais n'est-ce pas la fiction elle-même qui est très communément revendiquée par tous les écrivains pour mettre leurs textes à l'abri de toute lecture historique ou sociologique, par exemple ? Quoi donc de plus littéraire qu'une officine d'édition publiant fictivement des fictions fictives ? Faute de marché ? Non. Simple réponse à l'enfermement des éditeurs locaux dans les délices de leur fermeture.


COUV_MAL2MERSeuls les insulaires savent que, tout en gardant les pieds sur terre, on peut éprouver le mal de mer, lorsque le cœur lui-même est chaviré par toutes sortes de tourments. Ils sont deux. Ils s'aiment. Mais ils ne sont pas du même bord. L'argument semble manquer d'originalité. Mais c'est sans compter sur le talent de Jean Félix et sa capacité à tirer des émotions d'une force inouïe de tous ces petits détails sur lesquels, jours après jours, se posent les yeux des deux amants, à qui est refusé le droit de se voir, même de loin, même furtivement. Jean Félix n'hésite pas à jouer son rôle de narrateur et à transmettre sans relâche ce que les deux amants ne peuvent plus échanger que par personne interposée. C'est lui qui sera l'interprète et le porte parole, passant inlassablement de l'un à l'autre pour maintenir le fil et la flamme. « Je suis comme la mèche, dit-il, sans savoir si c'est celle d'une lampe à pétrole ou d'une bombe à retardement. »

Jean Félix, Mal de mer & mal d'amour,
Ghisonaccia : La Gare, 2010.

Coll. « Fiction totale »

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