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Isularama
1 mars 2012

Le combat du dieu des flots contre le dieu des flux

Le Neptune de Ghisoni

Neptunus fluminibus et fontibus et aquis omnibus praeest


LE TOURISTE ORDINAIRE tient généralement Neptune pour le dieu de la mer. Aussi s’étonne-t-il — le guide vient de le sortir de sa somnolence annonçant une statue monumentale et incongrue — de voir de ses propres yeux trôner au centre d’un village de montagne, moulé dans un bloc de fonte, la représentation de ce dieu-là. Et bien, non ! Sus aux idées reçues ! L’implantation, à Ghisoni, de cette statue correspond — sans jeu de mots — à un retour aux sources. Ainsi, citerons-nous Servius qui, en ses Commentaires aux Géorgiques (4,29), dit : « Neptunus fluminibus et fontibus et aquis omnibus praeest (Neptune préside aux fleuves, aux fontaines et à toutes les eaux) ».

Ce n’est que très tardivement que Neptune — suivant en cela les migrations ordinaires qui ont progressivement fait descendre au bord de mer tous les montagnards, jusqu’aux sapeurs forestiers eux-même — s’est trouvé assimilé non plus à l’eau douce des fontaines et des rivières, mais à l’eau salée des mers et des océans. Les derniers sédentaires — largement soutenus en celà par leurs érudits — cultivent le souvenir de l’attachement primordial du dieu des eaux aux eaux de fontaine, claires, pures et naturelles.

Peut-être seront-ils les seuls à ne pas accepter que soit substitué à cet antique dieu des flots un dieu des flux — Neptune, d. des FLOTS vs Veolia, d. des FLUX — et à la statue commune, plantée au centre du village, des petites bornes individuelles et domestiques siphonant les cartes bancaires à chaque tour de robinet, à chaque traversée maritime.

Textographie : « Neptune vs Véolia », Xavier Casanova.
Pixographie : « Irrigations vs irritations », Ghjuvanfelice Cacciamosca.

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