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Isularama
30 mars 2012

Qui cible la manne des marchés publics ?

MAIN BASSE COUV

MISE À JOUR 01/04/12
En mars 2011, soit un an après son lancement, le journal 24 Ore réduisait ses ambitions et sa voilure, passant de quotidien à hebdomadaire. Exit, donc, son ex directeur adjoint de la rédaction, Jean-Michel Verne, qui a déplacé sur Marseille ses curiosités de grand journaliste d’investigation, sans rien oublier de son passage par la Corse.

Sous sa signature, vient de sortir « Main basse sur Marseille et… la Corse ». Cet ouvrage met à plat l’enquête préliminaire lancée par la JIRS de Marseille à partir d’une lettre, aussi anonyme que bien informée, où un « corbeau » dénonçait de probables irrégularités dans l’attribution de marchés publics au sein du nouveau complexe territorial où s’interpénètrent la commune de Marseille, sa communauté urbaine, le conseil général du département, voire le projet hypothétique d’un Grand Marseille. Au centre des suspicions se trouvent placés les frères Guérini. Jean-Noël préside le Conseil Général des Bouches-du-Rhône. Alexandre dirige une entreprise de désembouage des canalisations, qui étendra très vite ses activités vers la gestion des déchets, obtenant des marchés publics dans des conditions où il est très tentant d’imaginer qu’il a su exploiter les fonctions de son frère. La JIRS se penchera donc sur les différentes sociétés où Alexandre est partie prenante, de même que sur le profil et le rôle de ses associés et de ses partenaires. L’enquête éclate ainsi dans diverses directions, entre sociétés créées en Espagne, au Luxembourg ou dans des paradis fiscaux, et comptes ouverts à l’étranger. Le tableau finit par prendre des allures de dispositif très élaboré de captation de la manne publique et de blanchiment des prises suspectes. C’est dans ce cadre que réapparaît Bernard Barresi, « roi de la cavale », condamné par contumace pour l’attaque d’un fourgon postal en 1990 (son procès vient de s’ouvrir devant les assises de Colmar)*. De même qu’apparaissent incidemment des marchés passés par le Conseil Général de Haute-Corse pour la fourniture de petits gadgets médicaux de toute évidence surfacturés. Ainsi, dans son livre, Jean-Michel Verne retrace-t-il le tableau d’ensemble d’un feuilleton suivi par la presse, de garde-à-vue en garde-à-vue. Il faut bien, à un moment donné, le recul du journaliste d’investigation pour restituer la cohérence de faits épars et de dossiers disjoints, qui, faute d’être correctement reliés les uns aux autres, laissent la porte ouverte à toutes sortes d’interprétations, à coup de préjugés et d’idées reçues. Voire d’instrumentations, à grand renfort d’arrières pensées et de coups bas.

À cet égard, le travail de Jean-Michel Verne me semble salutaire et son livre bien plus éclairant qu’une nouvelle saison de la série naturaliste « Mafiosa ». S’il s’agissait de donner une suite à son ouvrage, je verrai bien ce « dossier explosif » servir d’illustration à une double réflexion. D’une part sur la réforme, au niveau national, des institutions territoriales et la redistribution des pouvoirs qu’elle induit. D’autre part sur la lente décomposition de la puissance publique qu’accompagne la tendance généralisée à la privatisation, avec les mouvements financiers qui en résultent, notamment ceux qu’engendrent les délégations de service public.

Jean-Michel Verne,
Main basse sur Marseille et… la Corse,
Nouveau Monde : mars 2012.
256 pages, 18,90 € 

NOTARELLA 
*
MISE À JOUR 01/04/12. — Ce procès vient de se refermer sur l’acquitement de Bernard Barresi (Cf., par exemple, le « flash » du 30/03/12 sur le site du Figaro). 

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