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Isularama
19 septembre 2012

L’Ultimu, dernier roman de Jean-Pierre Santini (8)

L’ULTIMU_CUL DE LAMPE

Comment entre dans le texte
quelqu’un qui y est déjà ?

Maryline fait partie des personnages les plus discrets de ce roman : elle n’apparait qu’à travers la simple citation de son prénom, dans une des listes où l’auteur égrenne ses complicités. C’est elle qui va poursuivre la mise en abyme initiée par L’Ultimu en livrant son commentaire. Eblouissant.  [] XC

L’Ultimu
Un texte pluriel qui ne peut laisser indifférent

Pluriel dans la variété scripturale. Récit sur l’histoire d’un homme, d’un peuple. Sur l’Histoire humaine. Sur l’humaine condition qui fédère les litanies de chacun.

Pluriel dans la richesse du mélange. Le narratif. Le dialogue. Le fragment poétique, théâtral. Le monologue. L’énumération, parfois explicative. Le conte dans lequel nous plonge d’emblée le narrateur. Et les soliloques sonnant tels le glas quasi éponyme : Natalucciu et bien d’autres.

Pluriel dans l’inflexion des tonalités. Davantage ironique au commencement. Plus lyrique vers l’excipit. Sans jamais sombrer dans l’expression des émotions exacerbées. En maniant l’autodérision face aux évènements et à l’importance accordée aux écrits. Réaliste, aussi. Êtres existants. Noms remodelés. Clin d’œil aux hommes vraiment rencontrés, aux lieux vraiment parcourus. Jalons d’une vie. Vrais textes, aussi. Recensions. Tracts. Manifestes. Œuvres. Sur un fond d’évènements politiques. L’Histoire.

Tout est dit et se module au fil d’un genre des plus étonnant : la science-fiction et ses forces dominantes au sein du Haut-Lieu. Spirale des styles et des registres qui ne cesse de s’enrichir dans une dynamique de lecture nécessairement dialectique, tant sont divers les locuteurs et leurs paroles. Nous écoutons et pensons avec eux tous, c’est-à-dire entre nous. Plongés dans cette multiplicité humaine. Dans cette polyphonie permanente où le narrateur s’efface, laissant place au tragique. Tragédie collective. La première de couverture l’annonçait par son titre, son sous-titre, ses couleurs. Elle nous projette in media res au cœur d’un cimetière, ses disparitions, la « visitation » de Marie Madeleine, les litanies des âmes mortes, celles des compagnons de rencontre… Tel un coryphée nous rappelant à l’ordre des choses, cet Out of this World qui hante les poètes…

Cette construction complexe pourrait déstabiliser si elle n’appuyait pas l’idée qui en émane. Celle d’une quête identitaire vaine et d’une grande et belle Union humaine dépassant chacun de nous et que révèle l’écriture. Toutes les écritures : le mur aussi est œuvre et Andria son auteur. Pierre sur pierre, il signe et scelle notre appartenance au grand mécanisme cosmique. Danse universelle. Retour biblique à la poussière… Dans ce sens, la quête identitaire, les ambitions collectives seraient vaines. Mouvantes, les entités qui nous motivent durant notre existence : ce que déploie sous nos yeux ce texte même qui ne cesse de se faire et se défaire.

En train de se faire, l’écriture est organique, elle aussi en proie au grand mouvement de la vie et de la filiation, de la pensée et de la transmission.

Achevée, elle est minérale. Pierres écrites. Êtres fossilisés. Inscriptions matérielles où je lis mon propre nom. Insérée dans un espace temps incommensurable. Figée. Sidérée.

Conclusion ? Non. Inclusion. Trace de vie fossilisée dans l’ambre des peuples à venir.

[] Maryline Paoli

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