Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Isularama
10 avril 2013

On en fera une chanson, un lamentu de plus

LIRE L’ORACLE

Comme toujours, on appellera prophète celui qui réinjecte dans le monde une vision, une perspective effacée. Vision religieuse ? Aux diverses cléricatures qui vivent sous ce nom d’en débattre en leur sein. Vision humaine ? Cherche l’auréole, si tu crois que là est la source de la parole. À défaut, cherche le drame. Le tragique est une source de parole infiniment plus féconde. Qui, plus que quiconque, a, dans la tragédie, un temps d’avance ? Qui a déjà vécu, en bribes et au local, ce qui advient en grand et au global ? Qu’est-ce qui advient ? Dieu seul le sait. Qu’est-ce qui est, et que tu foules de tes pieds en y déroulant les automatismes de tes pas ? Est-il déjà advenu que tu trébuches ? Et que tu trébuches assez souvent pour, désormais, faire attention où tu mets les pieds ? Et quant tu vacilles, dis-tu « Maman ! On m’a poussé ! », ou bien sens-tu que c’est le chemin qui est chaotique ? Qui, plus que quiconque, a l’expérience des sentes qui traversent le chaos ?

Qu’est-ce qui, sous nos pas, fait chaos ? Marches-tu avec la certitude de dérouler sous tes pieds un tapis rouge qui absorbe ce chaos et amortit tes chutes ? Avec, devant toi ta troupe de soldats pour chasser tes craintes, à tes côté ta troupe d’intendants pour veiller sur tes réserves, et derrière toi ta troupe de saltimbanques pour affiner tes plaisirs ? Ou bien marches-tu sur un chemin de plus en plus étroit, incertain, solitaire, chaotique ? Où tu perds peu à peu tes repères ? Où tu mesures tout : tes provisions de bouche, l’épaisseur de tes semelles, la maigreur de ton pécule et la validité de ta feuille de route ? Où tu ne retiens rien, ni pour toi, parce que, pour rien au monde, tu ne voudrais refaire ce chemin ; ni pour tes enfant, pour qui tu rêves d’itinéraires moins incertains. Un chemin qui n’a rien de mémorable, que l’on appellera, si un avenir se forme, traversée du désert. On en fera une chanson, un lamentu de plus.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Isularama
Publicité