Déficience visuelle et efficience mentale

Sorti le 4 mars 2015
Pascale Casanova
On m’avait dit que c’était impossible.

Récit du déni d’un déni.

La force du caractère contre le poids des multiples mécanismes nous conduisant, entre condescendance et commisération, à toujours raccompagner le handicapé dans la petite case où nous le remisons, ne projetant jamais rien d’autre que toutes les figures monstrueuses formées au fond de notre imaginaire par l’apparition de notre double, monstrueusement amputé d’une des composantes essentielle et impensée de notre intégrité rassurante d’individu normal.

Pascale Casanova est née, il y a un peu plus de quarante ans, avec une malformation cardiaque et des cristallins voilés par une cataracte congénitale. Aujourd’hui, elle est cadre supérieur dans une très grande entreprise, officier dans l’ordre du mérite, chevalier de la légion d’honneur et multimédaillée des jeux paralympique d’hiver. Parcours scolaire, sportif, professionnel et social aussi exemplaire qu’improbable. Dans son livre, elle en donne le récit. Avec clarté, simplicité, sincérité, et une fougue ininterrompue, rectiligne, oscillant à peine entre quelques notes d’humour et d’indignation. Petites pointes d’auto-dérision. Petites piques de socio-déraison.

Autobiographie, certes. Hagiographie, certainement pas. Ce livre s’inscrit, comme un témoignage et un bilan à mi-parcours, dans un projet désormais orienté vers l’intégration du handicap dans le milieu scolaire et dans le monde du travail. Deux domaines marqués par des évolutions législatives importantes. Au demeurant, si en quelques années, de nouvelles normes architecturales ont refaçonné l’espace public pour faciliter son parcours par les handicapés, il reste encore bien du travail à faire pour reconditionner aussi, en profondeur, le regard à la fois intime et collectif que nous portons sur cette différence-là, comme sur toutes les autres. Un témoignage peut nous y aider, plus qu’une loi et mieux qu’une théorie. Son exemplarité peut nous en convaincre. Et ce n’est pas banal d’être guidé par une malvoyante dans le monde semé d’embûches des malvoyants. Mais c’est encore moins banal d’imaginer une malvoyante foncer dans un slalom paralympique, jusqu’aux médailles d’or (Salt Lake City, Turin), en se fiant aveuglément aux consignes de son guide. Symbiose. Dans l’action. Dans l’extrême. Bien au-delà de la simple coexistence.

Pascale Casanova, On m’avait dit que c’était impossible,
Carbonne : Nouvelles Editions Loubatières, mars 2015.
(broché, 15x24, 256 pages, 23,00 €).
ISBN 978-2-86266-720-1

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