Vignette et vendanges

« L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire la maison commune », a dit le pape François dans son encyclique Laudato si’ publiée au début de l’été de cette année. Année d’exception, donc, où la diffusion des vignettes de la fête de l’Huma peut se faire en puisant ses citations percutantes dans la littérature papale. Un exemple ? « Sauver les banques à tout prix, en en faisant payer le prix à la population, sans la ferme décision de revoir et de réformer le système dans son ensemble, réaffirme une emprise absolue des finances qui n’a pas d’avenir et qui pourra seulement générer de nouvelles crises après une longue, couteuse et apparente guérison. » Non, camarade ! C’est pas Varoufakis qui parle, mais l’évèque de Rome. Je continue ? Je sais que tu aimes bien, par dessus tout, les condensés théoriques à la Lénine. J’en ai un : « La bulle financière est aussi, en général, une bulle productive. » Une manière rapide de dire qu’on fabrique en surnombre les bidules très demandés pour essayer de profiter un max des moments où le marché est en plein délire. Tu veux aussi un truc pour déboulonner le culte des centristes pour les solutions moyennes ? « Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. » Sur ce thème, histoire de raccrocher tes lectures estivales — C’est la première fois que tu lis une encyclique sur la plage — et l’actu de l’été — La Grèce te travaille —, je te conseille de passer direct du pape François à Roger Martelli. T’as déjà ta vignette ? Alors, tu sais quoi ? Tu me ramènes un exemplaire dédicacé de Anomalie des zones profondes du cerveau, de Laure Limongi, une bastiaise qui somatise chez Grasset. Le thème ? Si t’as la chance de souffrir de la même chose que tout le monde, réjouis-toi : t’es pile poil dans la bulle productive de l’industrie pharmaceutique. Mais si, par malheur, tu te ramasses une douleur minoritaire, alors là il faut que tu fasses avec.