Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Isularama
3 septembre 2015

Oublions en chœur

BETON

La crèche Louise Michel, à Levallois-Perret est promise à la démolition. Affaire urbaine sans intérêt ? Pas tant que ça. Cette crèche est décorée de cinq panneaux en béton sculpté signés Boris Taslitzky (1911-2005).
Et le permis de construire a été directement vissé sur les panneaux, histoire de lever toute ambigüité sur l’avenir de cette œuvre, de toute évidence promise, dans une déchèterie, au container accueillant les gravats inertes.

La ville est entre les mains des Balkany. On sait leur peu d’affection pour le passé communiste de cette commune. On imagine leur peu de respect pour les traces qui en subsistent. Certes, la crèche Louise Michel n’est pas le temple de Baal à Palmyre. Elle n’en est pas moins minée et prête à être rasée, et avec elle cette œuvre. Que veulent effacer les Balkanibans ? Des pans de mémoire.

Oublions donc en chœur. Oublions que l’artiste a rejoint le parti communiste à la veille du Front Populaire. Oublions sa mobilisation, la drôle de guerre et le stalag d’où il s’évade. Oublions son engagement dans la Résistance. Oublions son arrestation par les sbires du Maréchal irrités par ses dessins subversifs. Oublions les fresques dont il orne les geôles vichyssoises où il est détenu. Oublions sa déportation à Buchenwald. Oublions les centaines de croquis qu’il dessine sur place avec la complicité de la résistance clandestine. Oublions leur édition en livre conduite par Aragon soi-même. Oublions ses toiles disséminées dans des grandes collections nationales et qui donnent, de Paris à Jérusalem, une image sensible à l’insoutenable et indicible horreur des camps. Oublions jusqu’au nom de Boris Taslitsky. Impossible ? Je sais. C’est le syndrome de la gomme. Lorsqu’elle s’approche d’un nom, elle réveille les souvenirs de ceux qui savent encore ce qu’il y a sous ce nom-là, et pique la curiosité de ceux qui veulent encore savoir. Les raisons de laisser les choses en l’état étaient enfouies au plus profond de nos inconscients. La gomme les fait surgir au premier plan des consciences agissantes. Les raisons d’entrer en résistance. Au moins en signant la pétition. Merci Balkany pour ce rappel provoqué.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Isularama
Publicité