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Isularama
8 décembre 2015

Jean-Pierre Santini et la piste Sweig

COUV Conscience contre violence

Dans un des billets accompagnant la publication de Tarra d’accolta, Jean-Pierre Santini a introduit une citation de l’ouvrage transmis par Stefan Sweig à son éditeur la veille de son suicide, Le monde d’hier :
« J’ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison »

C’était en 1942, et Sweig parlait du nazisme. Cette citation n’est-elle pas, aujourd’hui, une invitation à retourner vers cet auteur ? C’est ainsi que je découvre une réédition assez récente en livre de poche, d’un autre ouvrage de Sweig :
Conscience contre violence (1936).

Voici la présentation qu’en fait l’éditeur en 2010 :

« Ce précieux document était devenu introuvable depuis près de cinquante ans ! À partir du conflit exemplaire entre Sébastien Castellion (1515-1563) et Calvin, Stefan Zweig nous fait vivre un affrontement qui déborde de beaucoup son cadre historique. Cette cause nous intéresse tous : liberté et tolérance contre intégrisme.

Si Stefan Zweig finit de rédiger ce texte prémonitoire en 1936, en pleine montée du fascisme, il faut y voir un sens profond. En effet, comment ne pas faire le rapprochement entre la ville de Genève et l'Allemagne nazie, entre Calvin et Hitler, les sbires de Farel et les hordes hitlériennes ?

Quelques décennies plus tard, fanatisme religieux et résurgence des extrêmes droites doivent à nouveau nous ouvrir les yeux. Cet écrit polémique devient alors une charge d'une force redoutable. »

Dans son ouvrage Sweig cite abondamment Castellion, donnant des extraits qui semblent avoir traversé les siècles sans prendre une ride, oscillant simplement du discours moral déployé en temps de paix pour la rendre durable, au discours de mobilisation lorsqu’il s’agit, dans la crise, de relever la tête et d’entrer en résistance :

« Puisque la violence réapparaît à chaque époque sous de nouvelles formes, il faut constamment reprendre la lutte contre elle. Que les hommes de pensée ne reculent pas devant cette lutte sous prétexte qu'on ne peut opposer à la violence la seule force des idées. Car on ne dira jamais trop ce qu'il est nécessaire de dire, on ne criera jamais trop souvent la vérité. Même quand elle ne triomphe pas, l'idée n'en manifeste pas moins son éternelle présence, et qui la sert en une heure aussi critique montre par là qu'aucune terreur n'a de pouvoir sur une âme libre, et que même à l'époque la plus inhumaine on peut faire entendre la voix de l'humanité. »

Sébastien Castellion (1515-1563), cité dans :
Stefan Zweig, Conscience contre violence, Le livre de poche, 2010. 

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