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Isularama
13 juin 2016

Jean-Pierre Santini : Enduro

COUV ENDURO

« L’écriture met en majesté ce que les multitudes racontent au fil des jours. » (p. 109) Voilà l’exergue, me dis-je ! Il me saute aux yeux lorsque je feuillette à nouveau Enduro. Je l’ai lu il y a deux semaines. D’un trait, le crayon à la main. C’est ma manière de m’aventurer dans les textes de Jean-Pierre Santini. Je sais que je vais être entrainé dans un récit dont le fil ordinaire charrie une multitude de notations d’un autre ordre. Je les vois comme les pépites d’une littérature sacrée noyées dans les évidences banales d’histoires profanes. À cet égard, Enduro développe les interrogations d’un instituteur en retraite découvrant le nom d’un de ses anciens élèves au palmarès d’une épreuve sportive. Le roman démarre ainsi sur quatre lignes liminaires concentrant l’étonnement avec autant d’efficacité que l’emballage d’un Malabar d’autrefois livrant son « incroyable mais vrai » propre à muer une mastication singulière en méditation générale. Mâchons !

Voilà donc notre retraité plongeant dans ses souvenirs, dressant un tableau rapide de la petite société d’un petit village vu sous la perspective de sa petite école réunissant les petits du cru, du plus haut jusqu’au plus bas de la petite hiérarchie locale, du fils du maire jusqu’à celui de son factotum de service, arabe de surcroît. Voilà qui fait passer de la sociologie des positions à celle des trajectoires. Quel itinéraire a donc suivi Hicham ? Quel ascenseur social l’a hissé sur un podium ? Ainsi démarre une sorte d’enquête policière, si on accepte d’intégrer dans le polar une affaire qui au premier abord ne relève pas de la police judiciaire mais des renseignements généraux. Cette enquête reconstitue le parcours de vie d’une intégration réussie. Succes story ? Permettez-moi de remettre immédiatement le couvercle sur cette question pour ne rien altérer, ni des saveurs du texte, ni des surprises qu’il ménage. Mais, rassurez-vous, « il y a autant de romans que de vivants sur terre » (p. 75), et quelques auteurs sachant les cueillir au passage. Jean-Pierre Santini est de ceux-là.

Jean-Pierre Santini, Enduro,
Barrettali : À Fior di Carta, 2016.
Broché, 118 pages, 13,00 €.

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