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Isularama
17 juin 2010

Transformation mcluhanienne

Eloge_2

Du blog au livre, est-ce toujours le même texte ? Et si le texte est un invariant, en quoi le changement de média transforme-t-il sa réception ?

Ne voilà-t-il pas une très belle étude de cas à soumettre à nos étudiants en sciences de l'information et de la communication, s'il en existe encore, et s'il leur arrive de réserver quelques neurones à l'examen de questions débordant légèrement les réflexions obligées sur la situation administrative de la langue et l'universalité de nos particularismes singuliers ?

Je m'attends plutôt à ce qu'ils s'enfoncent, s'ils existent encore, dans le langage des fleurs et la symbolique des couleurs, décorticant à coup de signifiants et de signifiés le rouge des corridas et le coquelicot des décombres. À ce qu'il s'emparent aussi des mots « éloge » et « corse » pour tricoter avec eux un blason si bien blasonné qu'il dispense de passer au peigne fin le terme même de littérature, et le jeu social complexe qui en forme la face cachée.

Et c'est bien une fenêtre sur la littérature en train de se faire qu'ouvre ce livre, où se mélangent des morceaux choisis exhumés des archives – anciennes ou récentes – et des réactions à chaud où toutes sortes d'inconscients travaillent à faire émerger une norme commune d'une anormalité partagée. Dans une tension constante entre se reconnaître entre soi et être universellement reconnus. Comment ne pas se désagréger soi-même en s'appliquant la norme des autres ? Comment se doter d'une lisibilité qui résiste aux frontières, et se conserve dans l'en-deça et l'entre nous, comme dans l'au-delà, sous une multitude de regards différents ? Littérature centripète ou littérature centrifuge ? Culture de Ghetto local ou culture de réseau mondial ? J'ai peur que toutes ces questions s'appliquent à une frontière illusoire et rassurante, qui nous évite de porter la réflexion sur nos propres segmentations, sur nos clivages internes.

François-Xavier Renucci et al. Eloge de la littérature corse. Ajaccio : Albiana, 2010. (Coll. « Prova »). 300 p.

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