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Isularama
19 mai 2016

Préparer ses vacances en Corse avec un livre de poche à glisser furtivement dans son sac à dos ou son sac de plage

ANALECTA COUV 2e édition

Xavier Casanova signe ses Analecta Corsicæ qui viennent de paraître à Barrettali sur le catalogue des éditions À Fior di Carta.

Pour un consultant en ingénierie éditoriale basé en Corse, c’était la moindre des choses que de commettre un livre donnant un reflet de ce qui n’est pas, ce qui est le meilleur moyen de contrer tous ceux qui s’attachent à ce que leurs préjugés soient la seule manière légitime de parler de ce qui est et de faire en sorte qu’il ne puisse en être autrement. L’entre deux qui s’ouvre ainsi n’est autre que l’espace, parfois ténu, laissé libre entre les mouvements perpétuels d’attraction et de répulsion qu’engendrent cette île insolite et insolente.

En ça, certains, assez nombreux, voient l’étau, ne rêvant que de serrer ou desserrer la vis. D’autres, assez rares, voient la pièce à glisser entre ses mors, soupèsent l’élasticité de ses matériaux et estiment la rigidité de sa forme, de ses structures. Dans ces « analectes », la matière, c’est le texte et la souplesse de ses contorsions ; la structure, c’est le livre lui-même en sa manière de proposer un découpage permettant à chacun d’organiser son propre cérémonial de lecture, en picorant comme on calme ses petites fringales en ouvrant furtivement le frigo, ou en s’asseyant confortablement devant les couverts d’une table dressée annonçant déjà les moments important d’un repas complet, avec sous les yeux la carte des entrées, des plats et des desserts.

La métaphore du repas s’accorde bien avec le terme « analecte » qui, à l’origine, désigne, au singulier, l’esclave chargé de débarrasser les restes des ripailles, petites collations ou grands gueuletons. Au pluriel, ce sont les restes eux-mêmes. Puis, dans un glissement de sens très ordinaire passant des nourritures pour le corps aux victuailles pour l’esprit – de la manducatio à la meditatio –, le terme, au pluriel, a désigné un recueil de textes fragmentaires, notations isolées ou pièces extraites d’œuvres consistantes. De nos jours, qui voudrait se faire entendre, parlerait d’anthologie ou de morceaux choisis ; qui veut plutôt surprendre parle d’analectes, ou, d’analecta, pour pimenter son audace d’un zeste de latin, en des temps où il est de bon ton de tuer les langues mortes et de faire peu de cas des extinctions de voix naissant de la mort des idiomes.

Et la Corse dans tout ça ?

Comme il a été dit dans le Manifeste de Luri (2009) : « Dans l’espace géo-socio-politique français, la Corse occupe une place originale : la plus excentrique de ses Provinces et le moins exotique de ses Outre Mer. Une géographie des marges la situerait ainsi à la fois aux marges de son hexagone – royal et centralisateur –, distribuant parcimonieusement ses titres de noblesse au nom de l’Histoire de toujours, et à la fois aux marges des vestiges de son polygone – impérial et universalisant –, distribuant généreusement ses titres de civilité au nom de la Révolution d’autrefois. » Ce dont il a bien fallu tenir compte en acceptant de commettre un livre qui ne pourra être lu que comme une ingratitude absolue face à l’absolutisme civilisateur à qui l’auteur doit la langue dont il use, enrichissant ainsi la « littérature corse d’expression française » et, de manière générale, les « petites littératures des peuples sans état ». Dans la langue de l’autre, certes. Mais sans pour autant se plier aux pensées obligées des dominants et dominés.

Amie lectrice, ami lecteur, si tu as lu jusque là, c’est assez dit, non pas pour que tu achètes et lises à coup sûr ces Analecta Corsicæ, mais simplement pour que tu saches. Quoi ? Que vient de paraître dans une obscure officine éditoriale du Cap Corse un ouvrage singulier, de belle facture, dont personne d’autre que toi n’est en mesure de dire s’il est propre à te crisper ou te dérider, à éclaircir tes pensées ou à les troubler. Sachant ceci, ta curiosité étant établie et ta sagacité alertée, alors ton œil se posera sur lui à coup sûr, si sa couverture s’offre à ton regard sur la table où les bons libraires de Corse exposent les nouveautés insulaires de la saison. Sache, en outre, que si tu ne le vois pas, c’est que le libraire le tient sous le comptoir et le délivre comme de la contrebande. Prépare alors ton clin d’œil complice et donne discrètement le titre comme un mot de passe, Analecta Corsicæ. Mais, attention, mica nomi, pas de nom, comme il va sans dire. Va sans dire aussi qu’aussitôt pris, tu le glisseras furtivement dans ton sac à dos ou ton sac de plage, rêvant déjà de le dévorer sur un des sommets de l’île ou une de ses criques désertes. Va !

[] Xavier Casanova

ANALECTA COUV 2e édition vignette

Xavier Casanova,
Analecta Corsicæ,
Barrettali : À Fior di Carta, 2016
ISBN 979-10-95053-1

Broché
Format 110x180
256 pages
15,00 €

Disponible dans tous les points de vente en Corse.
À défaut, sur Amazon ou en commande directe après de l'éditeur :

À FIOR DI CARTA Hameau Casanova 20228 BARRETTALI
(Joindre un chèque de 15,00 € à l'ordre de À Fior di Carta)
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Commentaires
C
Analecta Corsicae<br /> <br /> <br /> <br /> Truculentes voire succulentes ces « Analecta Corsicae ». A parcourir par touches, en fonction de son ressenti…<br /> <br /> Que le lecteur ne se laisse pas rebuter par la première partie, comme j’ai pu l’être, je suis certainement de ceux que les blogs et Facebook and Co, (pensées tronquées renvoyées à des tchatches) agacent vite. Certes on y trouve quelques bons passages.<br /> <br /> Passez directement à la partie deux et trois, comme on peut lire des nouvelles – analecta.<br /> <br /> Cheminement dense pour la lectrice que je suis, qui évolue sur une route à vitesse variable, et vers des paysages à intérêts variables …<br /> <br /> Mélange de vécus, travestis dans des phrasés…au confin de l’érudition et de l’imagination.<br /> <br /> Imagination qui toutefois est revêtue d’un imaginaire collectif et d’appels à la mythologie. Des exemples : la définition du calibre p242 ou le couple, ou nos traditions à travers les obsèques, liens et politique au village, ou du vécu certainement personnel (p45), sans compter les origines de Ghisoni. Nous traversons des lieux que nous connaissons car Xavier joue du champ littéraire qu’il manie tel un jongleur et sait mettre des mots qui réactive en nous vécus et émotions.<br /> <br /> <br /> <br /> Au lecteur de décrypter les divers éléments… et de retomber sur ses pieds ou plutôt dans le texte – pourquoi pas pris à la lettre.<br /> <br /> Il est pourtant, des traversées où j’en sors pratiquement saoulée par la lecture qui saute d’une image à une autre, d’un lien à un autre, d’une idée à un item.<br /> <br /> Et me voilà à bout de souffle en fin de l’unique phrase qui constitue le « Marceddu prestu ».<br /> <br /> Xavier, tu t’amuses bien, te jouant de tout comme d’un petit rien qui en dit long …et des choses de la vie, même les plus sérieuses <br /> <br /> Et parfois même du lecteur, me semble-t-il !<br /> <br /> Merci beaucoup Xavier !<br /> <br /> Mars 2020 - Chantal Rachel ORSINI
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