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Isularama
13 février 2012

Une redite aujourd'hui devenue utile et nécessaire

Bonne nouvelle ! — Annulée à cause des intempéries, la représentation du 11 févier est tout simplement reportée au samedi 18 février. Espérons un redoux. Il nous permettra de bisser la troupe plutôt que les annulations !

Un état des lieux théâtral de la littérature corse

Alors que le débat littéraire semble quelque peu transi par la vague de froid, je viens de recevoir le mail par lequel AnimA annonce la présentation, à la salle Cardiccia de Migliaccciaru, d’une pièce construite autour des questions posées par et à la littérature corse d’aujourd’hui :
 
Vai a fatti leghje
Pièce en deux actes de Philippe Guerrini et Paul Desanti, mise en scène par Patrick Palmero et jouée par la compagnie Tutti in scena

Deux écrivains, en proie au doute et à l’angoisse, dissertent dans un lieu incongru, des tenants et des aboutissants de leur littérature respective. Le premier appartient à la nouvelle génération d’écrivains corses, et son œuvre, jusque là incomprise, l’amène à s’interroger sur le sens que revêt, aujourd’hui, l’écriture en langue corse. Choix suicidaire, passion folle pour sa langue natale ou acte de résistance ? Il ne se voit de maîtres en littérature que chez ses frères italiens. Le second, lui, est prisonnier du trop littéraire et étouffe littéralement sous le poids des géants de la littérature française. Il entend des voix qui le paralysent, entravent son esprit créatif, et le poussent même au suicide…

Une voix sauf une, celle de Jean de la Fontaine qui s’immisce dans leur débat et veut même leur indiquer la voix à suivre. Le ton monte rapidement et alors qu’il se retire La Fontaine est assassiné sur le sol corse. Commence alors une enquête policière loufoque, qui va voir défiler une kyrielle de personnages déjantés. Qui est le coupable ? Qui assassine la culture ? That is the question !


OSER GLOSER. — Le titre m’explose à la figure, comme une évidence, remettant au premier plan cette locution, Andà à fassi leghje, une invitation à quitter les lieux, à sortir du milieu, à quitter le cercle où circule la parole. Dans ce cercle, quand j’y suis, il s’en trouve toujours un pour m’interpeller d’un « Parli corsu ? », à mi-distance entre interrogation polie sur l’impolitesse consistant à rire dans une langue peut-être incomprise par un des présents, et regard supérieur porté par celui qui fait avec aisance et naturel une chose que l’autre ne sait pas, ne peut pas ou n’ose pas faire. Et tout d’un coup, je comprends la perplexité que je crée en répondant « Un lu parlu mica, ma u scrivu. » Et tout d’un coup, je saisis mieux, dans la tournure prise par l’Internet Corse, les lieux qui s’inscrivent et s’impliquent dans l’écriture, à l’inverse de ceux qui répliquent du bout des doigts, par clavier interposé, les cercles de parole, sans rien abandonner de leurs logiques, tout au plus en se laissant guider par des rails qui les conditionnent aux normes très frustres d’un forum, ou très encadrées d’un réseau social. Le vrai dilemme de la littérature corse, en langue corse, n’est-il pas tout entier dans le titre lui-même de la pièce ? Ecrire, n’est-ce pas s’extraire du cercle de parole ? Ou, tout au moins, transformer sa substance infiniment labile et malléable, mais soumise aux règles du non dit, en chose figée, qui se mesure à l’aune d’une tout autre bienséance que celle qui prévaut dans le cercle de parole. Ecrire n’a pas de sens, hors ce que cette écriture permet de réinjecter dans le cercle de parole. Un exploit parmi d’autres. Pas vraiment un contenu. Au mieux une formule, concise et condensée, apte à taguer les esprits comme on tague les murs. Et gare à la façon dont, à ton insu, on te tague, ça pourrait donner ça : « Insulte è ghjesteme in corsu » in A Piazzetta (19/02/2011).

Notarella
Le billet de A Piazzetta explicite le sens originel de l’expression « Vai fatti leghje ! », illustrant à merveille une des vertus magiques de la littérature, tout comme les glissements de sens qu'elle opère


Vai fatti leghje !
Migliacciaru, Salle Cardiccia

Samedi 11 18 février 2012, à 21h00
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Commentaires
C
Tu démarres sur le thème de la littérature transie par froid ? Et bien, tu sais ? La représentation à la salle Cardiccia de Migliaciaru a été annulée pour cause d'intempéries. C'est pas toutes les troupes qui peuvent se payer des pneus cloutés.
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