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Isularama
12 mai 2018

Schjaffu

PARADOXES III BLOG

— Tu parles de danger ? Tu n’as pas tort. L’arrogant suscite la haine pour n’avoir que ça à combattre, jetant ainsi une couverture totalement opaque sur les appétits supérieurs qu’il défend. La démocratie et l’état de droit sont des voiles bien trop transparent : une fine mousseline qu’une simple association de défense de l’environnement réussit à percer. L’arrogant excite la haine en multipliant les provocations, jusqu’à ce que surgisse la violence, car, alors, les pudeurs s’estompent, permettant d’exhiber et de manœuvrer l’appareil répressif qu’il ne cesse, comme ses prédécesseurs, de faire grossir, de crise en crise, chacune ayant permis de faire reculer d’un vote les chevaux de frise protégeant les libertés communes. — Ah ! Sous quel signe met-on l’émancipation ? Le martinet et le hochet. Chevènement, pour memento mori, et Macron pour horizon libéral. — Ah ! Sous quel signe met-on la justice ? Sous « ce qui ne se plaide pas ». Qu’est-ce qui ne se plaide pas ? Ce qui se résout par la guerre. — Ah ! Sous quel signe met-on le maintien de la Corse dans la République ? En effaçant d’entrée de jeu son drapeau de la cérémonie officielle. Un effacement acté au grand jour, face à une assemblée d’élus locaux. — Ah ! Sous quel signe met-on les élus locaux ? N’a-t-on pas a rappelé à leur président qu’il n’était que ça ? Faut-il continuer ? — Que faut-il faire pour ne pas se laisser enfermer dans la folie qu’il tente de fabriquer ? Savoir qu’il espère qu’elle se réveille et vienne justifier les quatre tours de clés déjà donnés dans les discours, et l’enfermement qu’ils provoquent. Savoir que leur haine recuite n’est pas un sentiment. C’est une stratégie. La stratégie du pire : provoquer l’émergence du geste fatal qui permettra de résoudre définitivement la question corse. Celui qui permettra à l’Etat de laisser libre cours à « ce qui ne se plaide pas ». Avec des rafles façon « piste agricole », mais sous état d’urgence et non plus sous le régime du droit commun. Mais ces deux plaques ne se rapprochent-elles pas à chaque crise, spontanée ou orchestrée ? — Ah ! Nous sommes encouragés à cultiver notre identité… Pourquoi ? Pour jouer à la perfection au corse de service dans la téléréalité dont il ficèle le scénario ? Pour tomber, là encore, dans « ce qui ne se plaide pas », les préjugés bien installés dans la « société du spectacle » et les rumeurs dévastatrices qui enflamment les réseaux sociaux ? — Oui. Danger ! Il n’est pas nécessaire, en effet, que les accusés soient coupables, pourvu que l’on puisse se décharger sur leurs têtes des culpabilités collectives. Ce que nous masquerions en passant à l’acte. Ce que nous validerions en baissant la tête, touchés par quelque humiliation que ce soit. — Oui. Danger ! Double bind. On n’en sort qu’en évacuant le paradoxe dans lequel nous enferme cette autorité arrogante venue nous intimer de l’imiter, tout en conservant notre identité. En gros, sois un autre si tu veux qu’il t’autorise à rester ce que tu es. Saches cependant que si tu plies, il te voit comme un mou. Mais si tu te dresses, il te montre comme un fou. Il est libéral : il te laisse le choix. Un choix « gagnant-gagnant », où c’est toujours le même qui gagne.

Strattu di : 
Cacciamosca, Paradoxes III
La Gare, 2018 (Coll. « The French Collection »).

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