Avril : accélération de la guerrilla potagère

Avec le mois d'avril,
la guérilla potagère sort de l’hiver,
retrouvant la pêche et la bêche.
Il s’agit, en effet, de lancer dès maintenant la lutte pour assurer cet été son autonomie tomatière. C’est le seul moyen d’échapper à la surfacturation des tomates pratiquée en été par la grande distribution, et aussi d’éviter de consommer du simulacre de solanacées aussi insipides que chatoyantes, de se goinfrer d’espèces sélectionnées sur toutes sortes de critères qui n’ont plus rien à voir le goût, et cultivées au pire sur des résidus compostés de société-poubelle, au mieux sur des mixtures chimiques où la cuisine moléculaire semble directement plonger ses racines. Les guerilleros les plus actifs ont déjà fait leurs semis, en évitant les graines commercialisées dans les circuits tenus par les maffias mondiales de la semence. Les guerrilleros les plus éclairés se préparent à accueillir au moins une bonne douzaine de variétés différentes de tomates, et à laisser faire la nature, à la barbe des maffias mondiales des produits phytosanitaires. Au cœur de la saison, ils dégusteront un carpaccio de tomates. Les gros fruits charnus se laissent aisément débiter en tranches très fines, sous la lame d’un simple Opinel bien affûté. Un filet d’huile d’olive. Une pincée de sel. Et une à deux feuilles de basilic, ce qui est suffisant avec un vrai basilic. « Aux larmes, citoyens ! », diront-ils à ceux qui en verseront une douce en goûtant, et une amère en sentant la différence avec ce qu’on leur fait d’ordinaire avaler sur une musique de caisse enregistreuse et des paroles aussi excitantes que celles que délivrent la notice d’un bon neuroleptique ou de n’importe quel produit truffé de tranquillisants majeurs.

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